Jean-François Derec (1957 -....)

Le jour où j'ai appris que j'étais juif


  • ...Les enfants de ceux qui avaient échappé à la Shoah avaient souvent ce sentiment étrange. Partagés entre l'ivresse d'être unique et le vertige de ne ressembler à personne sur Terre. (p.18)

  • Et si j'étais normal ? Voilà qui serait bien le plus anormal. (p.18)

  • Et mes parents ? Savaient-ils qu'ils avaient mis au monde un enfant juif ? Est-ce que je devais les mettre au courant ? Non. Déjà gaucher, pour ma mère, c'était lourd. Alors juif en plus... Comment réagirait-elle, elle qui ne rêvait que d'une seule chose : être comme tout le monde, plus française que les Français ? (p.20)

  • Chez moi, au contraire, tout ce qui ne fâchait pas était sans intérêt. (p.27)

  • Quel intérêt de parler si tout le monde était toujours d'accord ? (p.27)

  • De toutes les mères juives que j'ai connues, ma mère était la plus douée. (p.34)

  • Pour ma mère, quiconque n'avait pas passé sa jeunesse à Treblinka était un enfant gâté. (p.43)

  • Ma mère, en vraie Juive, voyait plutôt le côté catastrophique des réussites. (p.46)

  • C'est à la mort des parents que tout s'est éclairé. Les parents devraient mourir plus souvent. (p.51)

  • "Fils, sache que pour nous les Juifs, il n'y a qu'un seul Dieu et on n'y croit pas". (p.69)

  • Je me sens profondément askenaze, sauf pour la bouffe. (p.83)

  • ..les askenazes sont une espèce en voie d'extinction. (p.108)

  • Ils savaient tous que je n'y connaisssais rien et je savais qu'ils savaient. Tout le monde faisaient comme si personne ne savait que tout le monde savait. Bref, ça c'est passé très bien. (p.114)

  • Le docteur M. me semblait un bon toubib. Toujours à l'écoute, bienveillant, disponible, rassurant, ce qui est important pour un docteur. Mieux vaut un docteur incompétent mais rassurant qu'un docteur compétent mais inquiétant. (p.135)

  • [D veut aller visiter Auschwitz:..]
    Je viens de décider, que ce sera en train.
    Ca existe, ça, un train Paris-Auschwitz ? Aller gare de l'Est, se pencher vers l'employé de la SNCF : "Bonjour, je voudrais un billet Paris-Auschwitz, s'il vous plait. Un personne. Non fumeur. Dans le sens de la marche. Oui un fauteuil isolé, je n'aime pas la promiscuité dans un wagon", c'est possible ? (p.177)

    (Editions Denoël 2007)



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dernière mise à jour : 20/01/2007 version: YF/01/2007