Pierre Assouline (1953 - ....)

La cliente


  • Je me reprochais cette fâcheuse tendance qui me faisait considérer la société moderne comme une immense conspiration contre la vie intérieure. (p.12)

  • Car, avec l'Occupation, on n'est plus dans la politique. Pendant quatre ans, ce fut à chaque heure l'heure de vérité qui révélé la part d'humain ou d'inhumain en nous. (p.27)

  • Avant de devenir français, ils [les juifs] avaient été étrangers dans ce pays. Cela laissait des traces. Quelque chose comme un vieux fond d'instabilité qui pousse à une quête sans fin de la sécurité absolue. Plus encore pour les siens que pour soi. (p.37)

  • Son sens de l'humour aurait été dévastateur s'il n'avait été tempéré par la courtoisie. (p.38)

  • Il avait du mal à ne pas s'excuser. Ses phrases commençaient souvent par une demande de pardon. (p.64)

  • Ne te laisse pas impressionner par sa culture. Il ne lit que des dictionnaires, rien d'autres. Des dictionnaires de citations. (p.70)

  • Ne faites pas attention à ce que je dis : je ne suis pas souvent de mon avis... (d'après Paul Valéry) (p.70)

  • Il est bon de débattre avec sa conscience à condition toutefois d'avoir le dernier mot. (p.153)

  • N'écrivez jamais. Même l'anonymat laisse des traces. (p.169)

  • Une vie est comme une ville. Pour la connaître il faut s'y perdre. (p.174)

    (Editions Gallimard 1998. Collection Folio)


Pierre Assouline (1953 - ....)

Double vie


  • L'invention du portable aura au moins renouvelé les perspectives de l'adultère. (p.101)

  • Longtemps après une passion, il est des amitiés amoureuses qui ne s'achèvent qu'avec la mort. (p.106)

    (Editions Gallimard 2001. Collection Folio)


Pierre Assouline (1953 - ....)

Le fleuve Combelle


  • Il faudrait avoir la force de ne plus revoir les gens qu'on a aimés. (p.19)

  • [ Paris] ... cette ville où le fleuve coule entre les boîtes de livres. (p.29)

  • Il y aura toujours des gens avec lesquels on peut parler, et d'autres pas. (p.40)

  • ..il illustrait parfaitement le mot de Roger Nimier : un ami, c'est quelqu'un à qui vous pouvez demander de vous aider à transporter un cadavre aux alentours de minuit, et qui le fait sans vous poser de questions. (p.46)

  • La mémoire est notre plus fidèle ennemie. La bonne foi n'a rien à y faire. On ne cesse d'agrandir le cadre, et de s'agrandir dans le cadre. (p.118)

  • Je me tiens dans une position inconfortable à équidistance entre antisémites et judéocentristes. Les premiers habitent une planète sur laquelle je ne veux même pas mettre les pieds. Je n'attends rien d'eux. Ils mourront comme ça. Les seconds m'exaspèrent par leur étroitesse d'esprit, leur paranoïa, leur angoisse. Ils ne sont vraiment pas ma famille d'esprit, mais ils sont ma famille. YF: Je met en gras . Je ne désespère pas de les rallier un jour, ne fût-ce qu'en partie, à une vision du monde non exclusive de l'identité juive. Mais pour l'instant, il me faut reconnaître que j'ai lamentablement échoué. (p.143)

  • Pas de haine de soi en moi. Je ne subirai pas le persiflage qu'endura Emmanuel Berl : on disait de lui qu'il était devenu antisémite à force de se fréquenter... Mais le fait est que je suis de plus en plus seul à être d'accord avec moi.

  • Je ne suis pas non plus ashkénaze. Nul n'est parfait. (p.145)

  • Il n'y aurait pas de pire démagogie que de se dire solidaire du chagrin ashkénaze. De cette détresse, de ce désarroi, de cette angoisse qui hantent les cauchemars de nombre de survivants, de leurs enfants et parfois de leurs petits-enfants. Car beaucoup ont transmis en héritage leu sentiments tragique de la vie. (p.145)

  • .. Je ne serais jamais ashkénaze, ne fût-ce que par respect. Il me suffit de toujours garder à l'esprit ce mot d'un ancien déporté déposant au procès d'un bourreau, prononcé d'une voix douce, sans haine et sans crainte, une voix d'une retenue et d'une pudeur boulversantes ; «Ceux qui y ont été n'en sortiront jamais, ceux qui n'y ont pas été n'y pénétreront jamais, Treblinka est hors du monde.»
    Quand on comprend cela, on saisit mieux que sur le terrain mouvant de la mémoire, la distinction la plus profonde ne s'opère pas entre gens de l'Est et Méditerranées, mais entre ceux qui ont vécu le Shoah et les autres, directement ou pas. (p.146)

  • La nature des opinions d'un homme m'a toujours moins importé que sa capacité à les assumer. (p.147)

  • S'il avait retenu d'Arthur Koestler autre chose que le sentiment océanique, il aurait su que les Juifs sont comme tout le monde, seulement un peu plus. (p.149)

  • Les livres, parfois ça encombre. (p.157)


    (Editions Calmann-Levy, 1997. lu dans la collection Folio)


Pierre Assouline (1953 - ....)

Etat limite


  • ..il n'envisageait pas une seule seconde qu'un être civilisé pût se muer en automobiliste avec tout ce que ce renoncement aux vraies choses de la vie supposait de consentement à la nouvelle barbarie. (p.14)

  • Encore une fois on ne lui avait rien demandé, surtout son avis. On gagne toujours à rester dans l'ombre, à s'y tenir pour personne et pour rien, voilà. Il se sentait déplacé, si confus et emprunté, quand c'est elle qui aurait dû l'être pour lui avoir imposé une conversation privée qu'il n'avait pas demandé à entendre. C'est elle qui l'avait envahi mais c'est lui qui se sentait importun. Maudits portables qui inversent les règles du savoir-vivre. (p.22)

  • Ce coup de grâce, un jeune homme le lui assena involontairement en se levant de son strapontin pour lui proposer la place. (p.28)

  • On peut s'épuiser dans la recherche du bonheur, et se perdre dans la quête de la légèreté.

  • Quand on n'attend rien, on n'est jamais déçu, pas seulement pour soi mais pour le genre humain. (p.103)

  • Pardonner certainement, il se sentait même prêt à lui pardonner une fois par jour de telles fautes, mais oublier, il n'en était pas question. (p.125)

  • Quand on envoie à quelqu'un un mot, un livre, de la musique, on l'oblige à se désister de lui-même car on empiète sur sa solitude. (p.149)

  • La clef de la réussite intérieure des gens de pouvoir est de ne pas confondre leur identité et leur fonction. (p.155)

  • Ce que parler veut taire, voilà à quoi il pensait alors. Ce dont on ne peut parler, c'est cela qu'il faut dire. (p.173)


    (Editions Gallimard 2003. lu dans la collection Folio)



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dernière mise à jour : 11/11/2019 version: YF-12/2001